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Burnout : de quoi s’agit-il ?

Le Burnout peut être décrit comme étant un état d’épuisement d’abord émotionnel, puis physique et psychologique. Le Burnout est composé d’un cortège de symptômes non spécifiques, dont l’association, dans un contexte de souffrance au travail, est significative. Son installation est progressive et insidieuse, les salariés ayant tendance à ne pas prendre en compte les troubles qui s’installent, ni à les relier à leurs conditions de travail.

Quels sont les symptômes du burnout ?

Les médecins du travail, les médecins traitants recherchent si la personne a des symptômes annonciateurs ou révélateurs d’un burnout :

  • la fatigue est souvent au premier plan,
  • des plaintes somatiques multiples (mal de dos, maux de tête, de ventre…)
  • des troubles du sommeil +/- sévères,
  • perturbations au niveau de l’alimentation,
  • troubles de la  concentration et de la mémoire,
  • parfois sous la forme d’abattement psychologique, voire dépression et douleur morale en rapport avec le travail.
  • Il ne faut pas sous-estimer le risque d’un éventuel passage à l’acte suicidaire.

Quels sont les indicateurs qui confirment que l’individu est en burnout ?

Il existe des critères et des grilles de lecture qui déterminent à quel moment la personne se situe dans un état de burnout et les indicateurs qui permettent d’évaluer le retentissement des situations de travail sur la santé.

Les Médecins du travail utilisent ces indicateurs, ainsi que certains professionnels de la santé au travail ( à la CARSAT ou encore à la DIRECCTE ).

En pratique, un des éléments déterminant pour faire le diagnostic, c’est le lien entre le récit du salarié sur ses difficultés au travail et l’apparition des signes cliniques. Ils s’installent et s’aggravant progressivement, souvent au fur et à mesure de la dégradation du contexte de l’activité du salarié.

Comment est établit le fait que la personne traverse bien un burnout ?

La difficulté vient à la fois d’établir le burnout comme maladie professionnelle et à la fois du fait qu’il n’y a pas de reconnaissance officielle du burnout comme étant une maladie professionnelle, c’est au cas par cas.

 

Comment se pose le problème du burnout par rapport à une personne qui est en souffrance au travail ?

Le fruit de l’expérience au travers de l’Association Mieux-être et Travail[1] permet de répondre concrètement à cette question : on part du ressenti de la personne, du fait qu’à un moment elle est arrivée à saturation et que son corps est affecté avec une impossibilité de continuer à travailler voire même une impossibilité de se déplacer pour aller au travail.

Le terme « burnout », dans sa traduction littérale, signifie « brûler, se consumer entièrement ». En français, on le traduit par « épuisement professionnel ». On considère ce syndrome comme le résultat d’un stress professionnel chronique et que le salarié subit, sans qu’on lui donne les moyens pour y faire face. C’est le déséquilibre entre les ressources du salarié et les moyens mis à sa disposition pour faire face aux exigences du poste.

Ce concept n’est pas nouveau, il est apparu dans le milieu des années 1970 dans un article du psychanalyste H.J Freudenberger.

Le burn out n’est pas reconnu comme une maladie individuelle au sens de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), mais un facteur potentiel à la formation de maladies, qui peut donc être officiellement intégré aux diagnostics médicaux. En date du 28 mai 2019, même si l’OMS vient de considérer désormais que le burn out est un « phénomène lié au travail », il ne la fait pas encore entrer dans la liste des « maladies » à part entière.

N.B. Toutefois, certaines de ses caractéristiques cliniques : telles que le syndrome dépressif ou l’état de stress post traumatique ou l’anxiété généralisée, si elles génèrent un taux d’incapacité > à 25 %, peuvent être reconnues en maladie professionnelle.

 

Quelle prise en charge existe aujourd’hui en France pour les personnes en situation de burnout ?

En fonction des interlocuteurs professionnels que la personne va rencontrer, la prise en charge du burnout sera différente. Les premières personnes que l’individu en état d’épuisement, va rencontrer, sont les Médecins Généralistes et les Médecins du Travail.

Les Médecins Généralistes sont très importants dans la chaîne de prise en charge. Ils pourront prescrire un arrêt de travail (salvateur pour les salariés), un traitement adapté selon les symptômes et si besoin orienter le salarié vers le médecin du travail et un suivi psychologique.

Si les salariés sont d’accord, le médecin consulté peut faire une déclaration de maladie à caractère professionnel via un imprimé ou une déclaration d’AT. Cela signifie que c’est une maladie qui est due au travail :  

  • soit avec un caractère « d’accident » car le médecin avec la personne concernée, identifie le moment précis auquel la personne a « craqué », et cela devient un accident du travail.
  • soit ce moment précis n’est pas identifié et auquel cas, il s’agit d’une situation plus diffuse ; le médecin déclarera en maladie à caractère professionnel.

Selon les cas de figure décrit ci-dessus et après enquête de la SS, la prise en charge sera traitée différemment par la Sécurité Sociale.

Le fait de reconnaître qu’il s’agisse d’une maladie due au travail signifie aussi qu’on impute à l’employeur une éventuelle part de responsabilité dans la situation et dans l’état de la personne en situation de burnout.

Cette part de responsabilité de l’employeur ouvre de fait des voies de recours possibles (éventuellement dommage et intérêts pour la personne qui traverse le burnout sous certaines conditions).

 

Qu’est-ce qui prouve que l’état d’épuisement de la personne est dû au travail ?

Quid de la reconnaissance du burnout comme maladie à caractère professionnel :

Là est toute la difficulté.

Certains Médecins Généralistes ne se sentent pas à l’aise dans le fait d’initier une procédure de reconnaissance du burnout comme maladie à caractère professionnel et ne tiennent pas par ailleurs à être identifiés par la Sécurité Sociale comme des prescripteurs inconditionnels d’arrêts de travail.

Du point de vue de la personne concernée : elle peut se sentir soutenue par son médecin qui fait une déclaration en maladie à caractère professionnel ou en accident du travail. Elle peut aussi être incitée par là même à analyser la situation qui lui a posé problème au travail. Avec l’inconvénient, que cela va prendre du temps avant que la Sécurité Sociale tranche sur la reconnaissance ou non du burnout de la personne.

La personne va rester avec ce poids « j’attends que la Sécurité Sociale reconnaisse », et cela peut retarder l’étape du deuil nécessaire pour sa reconstruction post burn out. Il y a donc avantage et inconvénient dans ce chemin de la reconnaissance du burnout comme maladie à caractère professionnel.

La personne rencontre souvent des difficultés à faire le deuil d’une situation de travail. 90% des personnes disent : « non je ne veux pas retourner au travail » Elles disent cela mais en même temps elles expriment : « qu’il faudrait qu’elles le fassent ». Il y a quelque chose de l’ordre de la culpabilité. La personne se trouve dans un paradoxe. Elle est physiquement figée et peut difficilement se remettre en mouvement.

Cela peut prendre du temps avant que son burnout soit reconnu ou non comme burnout ; environ un an selon les situations.

En termes d’accompagnement, par quel chemin passe la personne ?

L’accompagnement d’une personne en burn out est indispensable dans la quasi-totalité des cas : ceux qui se chargent de la prise en charge psychologique, médicale, juridique doivent toutefois prendre en compte les souhaits profonds de la personne y compris en matière de reconnaissance de préjudice, d’évolution, de souhaits de changement de vie professionnelle et ne pas imposer leur propre point de vue sur la situation de cette personne fragilisée par le burn out. Ils doivent faire en sorte que la personne comprenne ce qui s’est passé pour mieux gérer à l’avenir ses ressources et ses limites.

Permettre à la personne de rebondir c’est lui donner le pouvoir d’agir, et non pas lui imposer quelque chose qui pourrait être une forme de projection c’est-à-dire la vision que le professionnel qui accompagne a des étapes de reconstruction du burnout. Nécessité de respecter les rythmes et la temporalité de la personne.

Cet angle d’approche qui est de l’accompagnement post-burnout doit tenir compte du fait de ce qui s’est passé dans la situation de burnout[2] et compte différentes phases :

  • Restaurer la confiance en soi
  • Restaurer l’image de soi
  • Partager avec les autres[3]
  • Vaincre l’isolement
  • Retrouver du sens[4]

Quels sont les dispositifs de prévention du burnout possibles à déployer en entreprise ?

D’après l’expérience et l’expertise de Movae et de son réseau de partenaires, les entreprises ont la possibilité de :

  • mettre en place des espaces de dialogue
  • prendre en compte et réguler les incidents internes
  • prendre en compte les signaux d’alerte donnés et agir sur les dysfonctionnements éventuels identifiés dans certaines situations de travail au sein de l’Organisation
  • travailler sur le sens des missions et des actions attribuées aux équipes
  • travailler sur le lien entre les personnes et les services, les relations interpersonnelles,
  • accueillir et réguler les émotions des individus ou encore la capacité à s’exprimer sur ce qui fonctionne et sur les points de dysfonctionnements.
  • réaliser un diagnostic des conditions de travail afin d’identifier les éventuels risques psychosociaux au sein de l’Organisation
  • Engager une démarche santé et qualité de vie au travail et prévenir les risques psychosociaux.

 

Quel dispositif d’accompagnement « l’association Mieux-être et Travail » utilise-t-elle ?

Les problèmes remontés au travers des personnes accompagnées par l’Association « Mieux-être et Travail » donnent aux professionnels, une idée des solutions à aborder. Mais pour appréhender ces solutions il faut des outils et des approches systémiques, telle que la Clinique Médicale du Travail (la CMT qui est l’écoute approfondie du récit détaillé du salarié, sur ses difficultés au travail, avec une analyse « en miroir » des enjeux pour sa santé).

L’Association « Mieux-être et Travail » crée en 2015 et composée de trois Médecins du Travail et 7 psychopraticiens.ennes, peut-être prochainement d’une Infirmière du travail, avait dès sa création, l’intention et l’intuition d’utiliser « l’approche clinique du travail[5] » pour accompagner les personnes en souffrance.

Au fur et à mesure des années, l’équipe de bénévoles de l’association a expérimenté l’intuition de départ et l’a consolidée. Aujourd’hui, François Rabourdin, membre du Conseil d’Administration de l’Association « Mieux-être et Travail » et initialement fondateur de cette dernière, explique que les intuitions principales de départ se sont vérifiées avec quelques ajustements :

  • la Clinique Médicale du Travail est l’outil systémique qui convient
  • l’aspect collectif est précieux dans la prise en charge du burnout et le groupe de parole a beaucoup de sens [le burn out est souvent synonyme d’isolement, remettre du collectif permet de réparer et de rebondir]

Quatre années se sont écoulées depuis la création de l’Association. Des centaines de personnes sont accompagnées chaque année par le biais des consultation individuelles, participent aux groupes de paroles mensuels et à quelques ateliers de gestion du stress renommé ateliers de gestion des ressources et des limites en situation de stress.

Le constat est clair : le soutien  par le collectif a son importance dans le parcours d’accompagnement d’une personne en burnout, même si au départ les consultations individuelles réalisées en binôme par un.e Médecin du travail et un.e psychopraticien.ne permettent à la personne de déposer sa souffrance et de mettre en récit ce qui s’est passé pour elle.

François Rabourdin précise qu’au-delà des missions de l’association, l’équipe de bénévoles qui accompagne les personnes en souffrance au travail, repère les dysfonctionnements liés à la Gouvernance des Organisations. Dès lors qu’il n’y a plus de sens donné dans l’Organisation ; vision, objectifs, missions, tâches…, que ces missions et tâches reposent systématiquement sur une échéance trop à court terme, cela ne fait plus une Organisation capable de rebondir. L’Organisation se rigidifie.

Cet article a été réalisé à partir d’une interview menée par Anne-Marie Clémençon, auprès de Sylvie Berthaud et François Rabourdin, membres du Conseil d’Administration de l’Association « Mieux-être et Travail »

Je remercie tout particulièrement Sylvie Berthaud et François Rabourdin ainsi que l’ensemble de l’Association « Mieux-être et Travail » ; partenaire de Movae depuis 2016.

Anne-Marie Clémençon, fondatrice de Movae. Consultante et formatrice en Organisations et au sein d’Établissements d’Enseignement Supérieur.

Domaines d’Expertises :

Santé et Qualité de Vie au Travail,

Prévention des risques psychosociaux,

Déploiement de méthodologies et de projets d’Intelligence collective.


[1] https://www.mieux-etre-travail.com/

[2] Caractéristiques du burnout : perte de confiance en soi, culpabilisation, perte de l’image et de l’estime de soi. En travaillant sur la restauration de cette confiance en elle, sur l’image et l’estime d’elle, la personne retrouvera petit à petit son équilibre.

[3] Le Médipôle de Villeurbanne compte un service spécialisé dans la souffrance au travail, avec possibilité d’être hébergé.e selon la gravité de la situation.

[4] Faire des choses qui n’ont plus de sens pour soi et qui se situent à l’antithèse des valeurs de l’individu est une des causes du burnout.

[5] Démarche réflexive qui vise à développer le pouvoir d’agir au travail des professionnels sur eux-mêmes et sur le monde, collectivement et individuellement. Définition transmise par le Cabinet Oduet. Anne-Gaël ERARD