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Bonjour à tous,

Cet article est le fruit d’une réflexion à la fois professionnelle et personnelle relative à cette période de confinement qui nous ait imposée dans le cadre de la gestion de crise sanitaire mondiale.

Une réflexion que je développerai selon différents axes de travail ; d’une part les axes relatifs à nos façons de vivre le confinement, dont la structuration du temps, les rapports aux autres et à nous-mêmes…

Et d’autre part les axes relatifs au cœur du métier de Movae ; la santé, la sécurité et la qualité de vie au travail.

Une crise sanitaire inouïe et inquiétante avec un contexte sociétal, économique et politique particulier

Cela n’arrive pas qu’aux autres. La crise sanitaire en Chine nous semblait loin. Inquiétante mais loin. Je me rappelle encore les conflits entre personnes sur les réseaux sociaux concernant le fait de rapatrier ou non les français qui étaient en Chine, au moment de la propagation du virus… J’observais les désaccords, parfois la violence dans les rapports sociaux, entre ceux qui exprimaient leur besoin de laisser ces personnes là bas, par peur peut-être, par mépris, d’autres qui exprimaient leur part d’humanité en soutenant le fait de les rapatrier.

J’observais et vivais les incohérences auxquelles nous étions confrontés; entre début de confinement et maintien des élections municipales.

Un rythme intense dans le vécu des situations

Il y a eu une accélération très nette de la propagation du virus, durant la deuxième quinzaine de février. Une accélération de la propagation du virus, en Italie, en Espagne, en France et de façon concomitante, dans plus de 150 pays dans le monde.

Nous avons vécu cette accélération du rythme du temps, à la fois dans la propagation du virus et dans la communication des différentes annonces de nos Pouvoirs Publics ; du Premier Ministre puis du Chef de l’État, du Ministre de l’Intérieur, du Ministre de la Santé, du Ministre de l’Éducation…

Cette accélération du rythme ; je l’ai trouvé impressionnante… Tout est arrivé si vite. J’avais le sentiment que nous étions dans une spirale. Nous étions emportés à vitesse grand V dans cette spirale. Plus possible de revenir en arrière.  

Un panel d’émotions ressenties, accompagnées de questionnements internes et externes légitimes

Ces dernières semaines, ou dirai-je plutôt ces derniers jours ont fait l’objet de tellement de rebondissements, de questionnements : les Écoles vont-elles fermées en France comme en Italie ? Allons-nous être confinés comme en Italie ? Qu’est-ce que veut dire précisément être confinés ? Autant de questions légitimes que nous anticipions, sur les réseaux sociaux, dans la rue, à la sortie de l’école ou encore entre collègues.

Nous profitions « d’une dernière balade » au grand air, en respectant les gestes barrière, avant de se confiner cette fois-ci pour de bon puisque l’annonce avait été faite, par le Président de la République ; nous devions rester chez nous à compter du mardi 17 mars midi.

Il y a ce choc dans l’annonce et les émotions qui en découlent : surprise peut-être pour certains, inquiétude/peur pour d’autres, tristesse, ou encore colère ; j’ai entendu et vécu moi-même certaines de ces émotions et des questionnements intérieurs : n‘y avait-il pas d’autres solutions ? comment va-t-on vivre le confinement ? Comment va-t-on gérer notre activité professionnelle ? Comment les enfants vont-ils traverser le confinement ? Comment va-t-on s’organiser pour garder les enfants ?

Une dernière visite parfois aux grands-parents, des retrouvailles avec les amis, avant de se retrouver en vase clos.

Apprendre à vivre différemment. Programmer des activités.

Structurer le temps. Et à la fois, laisser place à l’improvisation.

Lâcher-prise pour ne pas tomber dans une rigidité qui ne ferait qu’aggraver les rapports sociaux dans une situation déjà complexe, particulière et nouvelle en même temps.

Alors comment lâcher prise ? et laisser place à l’improvisation ?

J’avais prévu de travailler de 14h à 16h. Les enfants ont joué au foot avec leur père durant le début de l’après-midi. A 16h je n’avais pas terminé cette offre d’accompagnement pour un client. Je vois que mon conjoint ne s’occupe plus des enfants et qu’il y a de l’agitation dans l’air, de leur côté.

Concilier la continuité de l’activité professionnelle et la vie de famille. Prendre le temps de vivre les relations et de vivre les temps avec les enfants, au même titre que les relations et les temps avec le conjoint. Quelle équation complexe ! Complexe car il n’y a pas une seule réponse ! Alors peut-être plus simple que prévue ; pour une fois qu’en mathématiques il y a plusieurs réponses possibles ! Cette équation se résout à l’instant T de chaque situation tout au long de la journée. Il s’agit d’une prise de décision qui se fait en quelques secondes, quelques minutes.

Pour prendre cette décision, j’évalue rapidement la situation : ok, mon conjoint s’est occupé des enfants un certain temps, je vois que là il a besoin de temps pour lui. A la fois je leur avais dit mes horaires de travail pour ce jour (une pointe d’exaspération, de mécontentement ; famille de la colère). Si je lâche là, cela signifie que je ne maitrise plus mon temps de continuité d’activité professionnelle ? Quand vais-je continuer ma proposition d’accompagnement ? (forme d’inquiétude, d’incertitude, le stress peut ici se ressentir ; famille de la peur) Où est ma place à ce moment-là ? Quel choix je fais ? Quelles sont les options : j’arrête mon travail parce que je ressens, je vois, j’entends que la famille a besoin de moi.

C’est impressionnant le nombre de questions que l’être humain est en capacité de se poser en si peu de temps ! C’est donc à partir de cette rapide analyse de la situation que vient le lâcher-prise.

Oui ils ont besoin de moi. Mon conjoint a besoin que je prenne la relève avec les enfants, même s’il ne me l’a pas exprimé ; je l’ai perçu. Non pas pour les « coller devant un dessin animé » mais bien pour être avec eux : mon esprit et mon corps. Inventer une activité, proposer un jeu, lire des histoires… Peu importe mais laisser de côté tout ce que je faisais. Débrancher. Déconnecter. Leur montrer ma pleine présence. Ma pleine attention. Accueillir leurs émotions quelles qu’elles soient.

Lâcher prise c’est aussi respirer entre ces deux temps. Celui où je termine ma tâche professionnelle. Terminer étant ici un bien grand mot. Disons plutôt le temps où j’interrompe ma tâche professionnelle pour un certain temps indéfini et celui où je décide. Et j’insiste sur la notion de décision. (Je fais le choix d’être avec mes enfants je décide de ne pas subir la situation, « je fais le choix de … » : ce qui change à la fois ma posture et mon état d’esprit)

Lâcher-prise c’est aussi faire un pas de côté pour se mettre à la place de l’autre. Passer d’un état auto-centrer à « et l’autre dans tout cela ? » Qu’est-ce qui est le plus important pour eux à ce moment-là ? Que maman termine son offre pour le client ou que maman soit présente avec eux ?

Il y a à regarder rapidement quelles émotions me traversent à ce moment-là ? la frustration ? l’inquiétude ? la colère ? Et me dire ok, dans quel état d’esprit j’ai envie de continuer ma journée ? joie ? plaisir partagé en famille ? Et c’est bien là toute la difficulté et la complexité de la situation conciliation travail / vie personnelle. Que se soit hors période de confinement et d’autant plus en période de confinement. Nous sommes traversés par de multiples émotions difficiles parfois difficilement perceptibles et par de multiples questionnements intérieurs en quelques secondes, quelques minutes.

Cette agitation intérieure, mentale et peut-être physique ne reste pas toujours de l’ordre de l’intérieur. Parfois nous avons besoin de l’a laisser sortir tellement à l’intérieur il n’y a plus d’espace pour la contenir, la canaliser (expression de la colère, de l’inquiétude, de la peur…) .

Et c’est bien la façon de gérer cette agitation mentale et physique, la façon dont nous allons l’a regarder et l’accueillir ou nous laisser submerger qui va être déterminante pour la qualité de la relation avec les enfants, avec le conjoint, avec l’entourage de façon plus générale.

J’ai la possibilité d’expliquer ce qui se passe. Exprimer le ressenti de la situation avec des mots simples et sans faire culpabiliser l’autre. L’autre n’est pas responsable de notre situation, de notre état d’être, de nos choix.

C’est aussi une façon de montrer à l’entourage comment je passe de l’état de travail à ma posture de parent.

Exprimer l’agilité dont je suis en train de faire preuve.

D’une part c’est un formidable moyen éducatif pour que les enfants apprennent aussi à exprimer ce qu’ils « vivent à l’intérieur » et d’autre part, je m’apporte un signe de reconnaissance positif ; j’ai réussi à interrompre ce que je faisais professionnellement, j’ai confiance que je trouverai l’espace-temps, l’énergie, l’inspiration, la concentration nécessaire pour ce dossier et je me félicite d’avoir fait ce choix si précieux pour le bien-être de mes enfants, de la famille (je passe de l’inquiétude, du stress ; émotions difficiles à la confiance en soi).

Lâcher-prise dans cette situation c’est aussi accepter l’incertitude de la durée du confinement.

Reporter sans savoir exactement à quelle date, à quelle période ?

Apprendre à vivre dans l’incertitude. 15 jours ou peut-être plus ; 3 semaines, 1 mois…

Pour le moment il est trop tôt pour se prononcer. En Italie le confinement continue encore une semaine de plus et passe donc à trois semaines au total, pour le moment.

La perception des rythmes des uns et des autres

Entre télétravail pour certains. Arrêt complet d’activité pour d’autres. Rythme effréné dans certains secteurs d’activités. Garde des enfants pour certains parents. Occupations diverses et variées des personnes en milieu rural et celles en milieu urbain. Chacun trouve un rythme au fur et à mesure que les journées passent.

S’adapter à cette nouvelle situation.

S’adapter à une vie confinée durant quelques semaines.

S’adapter aussi dans le rythme familial, dans les relations sociales à distance.

S’adapter tout au long de la journée : passer d’une situation de travail à la posture de parent, à la relation avec le conjoint.

La structuration du temps est importante pour garder des repères temporels et sociaux dont nous avons tous besoin dans nos vies.

Tout en laissant place à cette part d’agilité, d’improvisation et de créativité.

La qualité de vie au travail : individuelle et collective dans cette période là

Au sein de Movae, en tant que cabinet spécialisé en santé-sécurité et qualité de vie au travail ; nous expliquons systématiquement dans nos interventions auprès de chaque Organisation, que la Qualité de Vie au Travail est une démarche collective.

Aujourd’hui dans un contexte économique, sociétal et sanitaire en crise, dans les secteurs d’activités qui continuent l’activité, la qualité de vie au travail est bousculée.

Il y a un taux d’absentéisme élevé dû aux personnes qui se sont arrêtées pour garder les enfants, une activité en plein rush dans certains secteurs tels que l’Agro-alimentaire, le Médical, le Transport, les Forces de l’ordre.

Les temps de répit sont courts voir inexistants.

Les facteurs de risques psychosociaux sont élevés : rythme du travail dense, quantité de travail élevée, relations au travail tendues.

Les risques psychosociaux sont visibles : fatigue, qualité du sommeil et de l’alimentation amoindrie, équilibre vie personnelle et travail bousculé, stress élevé, violences verbales et physiques plus présentes entre les personnes.

Il est crucial pour les managers de souligner l’engagement des équipes dans cette période-là.

Encourager. Féliciter. Dire merci.

Valoriser les actions et les comportements positifs.

Laisser une autonomie suffisante aux personnes dans l’exécution de leurs tâches.

Ne pas rajouter de la pression à celle déjà présente.

Créer des points avec les équipes ; même de courtes durées.

Accueillir les émotions.

Être en écoute active dans la mesure du possible.

Être en empathie avec les équipes, avec les collègues.

Se soutenir collectivement. Penser collectif plutôt qu’individuel.

De façon individuelle, pour les personnes qui sont en télétravail, la structuration du temps est fondamentale durant cette période, pour continuer à disposer de repères spatio-temporels et sociaux : concilier les espaces temps alloués aux enfants et les espaces temps alloués au travail.

S’accorder des temps ressources et des temps de retour à soi ; pratiquer une activité physique et sportive.

Développer son équilibre alimentaire.

Optimiser la qualité du lien social à distance pour favoriser le soutien, l’entraide, l’écoute dans les équipes, entre collègues et relations professionnelles.

Retrouver la confiance, la joie, l’envie, la saveur de l’instant présent    

Dans cette période d’incertitude, il est primordial de vivre dans l’instant présent.

Accueillir les émotions difficiles : peur, tristesse, colère ; ces émotions sont légitimes dans le contexte actuel.

Développer un état d’esprit positif.

S’interroger sur :

  • « Comment je veux appréhender cette nouvelle journée ? »
  • « Quels sont les choix que je fais tout au long de la journée ?» ; médias, activités manuelles, lecture, films, émissions, jeux, activités physiques et sportives, choix alimentaires, temps de travail, temps en famille…

Nous avons le droit d’être en empathie et connectés à la crise sanitaire que nous traversons, tout en continuant à vivre notre propre vie du mieux possible.

Comment chacun.e continue à se faire plaisir au moins trente minutes par jour ?

Entretenir un état d’esprit positif tout en accueillant chacune des émotions qui nous traversent tout au long de la journée.

Anne-Marie Clémençon